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un chapitre par jour
28 janvier 2015

Chapitre 2

Sirotant son thé aux fruits rouges, Beth était plongée dans sa lecture, lorsqu’elle entendit le moteur du pick-up de Smeety. Elle jeta un regard sur sa montre et fronça les sourcils.

-          Il est en avance aujourd’hui ? pensa-t-elle avec curiosité.

Ce n’était pas dans les habitudes de Smeety de quitter la scierie avant les 17h et il était à peine 16h. Sans doute un problème de machine avec l’orage des derniers jours. Le vieux pick-up bringuebalant, abordait le virage prés du garage, crachant une fumée noire et nauséabonde. Dans un crissement de frein, il s’arrêta devant le garage. La bonne bouille de Smeety apparue à la fenêtre de la portière.

-          Salut, mon cœur. Je te ramène un naufragé, s’esclaffa-t-il de son sourire édenté.

La portière du passager s’ouvrit en grinçant terriblement et Beth vit sortir l’homme à la voiture grise, la mine sombre, les yeux lançant des éclairs, en bras de chemise, sa veste balancée sur l’épaule, les chaussures pleines de boue. Il n’avait vraiment pas l’air content. Beth n’osa pas rire, mais son sourire narquois parut mettre son vis-à-vis au comble de la rage.

-          Pourquoi vous ne m’avez pas dit que le chemin était impraticable ? éructa-t-il en avançant menaçant vers Beth.

Beth était téméraire, mais cet homme furieux l’effraya au plus haut point, elle recula en mettant ses mains en avant dans un geste de défense, secoua la tête, faisant danser ses boucles brunes autour de son visage. 

-          He, tu as besoin d’aide mon cœur ? l’interpella Smeety, le visage tout à coup sévère et curieux, prêt à descendre de voiture.

Lee s’arrêta, les bras ballants.

-          Ok, c’est bon. 

Il se retourna vers Smeety.

-          Merci Smeety, c’est vraiment sympa de m’avoir ramené ici. Vous en faites pas, je vais me débrouiller maintenant, si Mademoiselle veut bien m’indiquer où je peux trouver un téléphone, pour appeler un remorqueur.

-          Pas besoin de téléphone pour avoir un remorqueur, rigola Smeety lançant un clin d’œil vers Beth. Pas vrai mon cœur ?

-          C’est bon Smeety. Et n’oublie pas de passer à la maison pour la toiture. Faut vraiment qu’on intervienne, répondit Beth en souriant. Et n’oublie pas le conseil ! cria-t-elle vers la voiture qui s’éloignait dans un nuage nauséabond, la laissant seule avec l’inconnu.

Elle se retourna vers l’homme qui la regardait, une étrange lueur indéfinissable dans le regard.

Ouah, il a vraiment de beaux yeux ce mec, pensa-t-elle en l’observant avec attention. Et pas que les yeux, il est vraiment canon.

Elle s’éclaircit la voix et passa la main dans ces cheveux mi-longs. Elle ne savait pas trop quelle attitude adoptée face à ce masque dur et arrogant. Les hommes comme lui ne devaient pas apprécier que leur belle voiture luxueuse à 250000 dollars reste embourbée dans un chemin de campagne.

-          Pourquoi a-t-il dit qu’il n’y avait pas besoin de téléphone pour le remorqueur ? lança-t-il avec brusquerie en la regardant avec suffisance.

Beth, montra la pancarte au dessus de la devanture du garage.

-           Garage Mike, réparation et remorquage, lut-il de sa belle voix grave. Et où puis-je trouver Mike questionna-t-il avec ironie ?

-          Il sera là ce soir, vers 19h. Il est parti pour la journée chercher des pièces, dit Beth doucement, de sa voix chantante, débarrassée de son accent rocailleux désagréable.

-          Pas avant 19h, mais ce n’est pas possible ! s’emporta Lee avec exaspération, mais qu’est ce que c’est ce bled ?

Il bouillait de rage. Cette journée était un vrai cauchemar. Elle avait commencé par une grande espérance, mais tout avait été de mal en pis. Le GPS l’avait fait tourner en rond pendant plus d’une heure, ensuite cette femme exaspérante l’avait envoyée dans des chemins impraticables, il avait embourbé sa voiture, et maintenant le remorquage n’aurait pas lieu avant la nuit. Il n’avait pas fait tout ce chemin pour échouer si près du but. Il fallait qu’il trouve une solution. Immédiatement. Son téléphone était HS.

-          Est-ce que vous avez le téléphone au moins ? demanda-t-il avec rudesse.

-          Oui.

Lee poussa un soupir d’aise. Il allait pouvoir joindre Marcus pour qu’il lui envoie une voiture. Il n’allait pas rester coincé dans ce trou perdu, il devait bien exister une ville digne de ce nom aux alentours.

-          Mais le téléphone est en dérangement depuis les orages d’hier, susurra une voix moqueuse.

Lee leva les yeux et les mains au ciel dans un geste d’exaspération excédé. Vraiment ce n’était pas son jour.

-          Y a-t-il un hôtel au moins ? interrogea-t-il nerveusement.

Cette situation l’excédait au plus haut point.

-          Oui, on a même trois hôtels, lui répondit Beth avec un sourire lumineux.

Plissant les yeux, Lee la regardait avec suspicion s’attendant à une douche froide. Depuis qu’il avait rencontré cette femme, elle soufflait le chaud et le froid sur sa vie.

-          Mais ? interrogea-t-il avec méfiance.

-          Ils sont fermés à cette époque, dit Beth en le regardant par-dessus ses lunettes de soleil. Ici la saison se termine fin aout, début septembre. C’est dommage, une semaine plutôt, vous auriez eu le choix entre trois très bons établissements. Personnellement le Cottage est le plus joli, dans un cadre bucolique, face aux étangs, et la cuisine y est très bonne. Mais si vous préférez le luxe, faut aller au Manoir de Rigdewood, là il y a pas à dire, c’est le luxe, les chambres sont immenses, il y a une piscine, un sauna, un restaurant avec un chef français et une très bonne carte des vins. Et le Relais du bois est pas mal aussi, mais bon, le patron n’est pas toujours très sympa. Il est parfois un peu biz….

-          Stop, s’écria Lee, avec irritation. Je vous demande pas un guide touristique ou de me vanter les charmes de votre petite ville, si accueillante, ironisa-t-il, je vous demande juste s’il y a de quoi se loger dans votre bourgade ?

-          Il y a la pension de Luisa. C’est prés du centre, à 1km d’ici, répondit aussitôt Beth avec un grand sourire, découvrant ses petites dents blanches.

-          Et je m’y rends comment ?

-          Je peux vous y déposer si vous voulez. J’ai le temps. Et puis à cette heure, il n’y a pas grand monde pour l’essence, proposa Beth avec hésitation.

Elle avait du mal a évalué l’humeur de son vis-à-vis. Le regard gris restait toujours aussi froid et persistant, lui donnant l’impression de la transpercer de part en part. Voilà un moment qu’elle n’avait pas eu a faire à un spécimen de ce genre, froid, plein d’arrogance, sur de lui et prêt à obtenir tout ce qu’il voulait de n’importe quelle façon. Un loup, et un loup dangereux. Pourtant, Beth était loin d’être un agneau prêt à être sacrifié, la vie l’avait endurcie et elle était capable de tenir tête à cet individu. Après tout, quelle importance. Il n’était que de passage et elle n’aurait pas à le côtoyer.

-          D’accord, répondit Lee en se détendant lentement.

-          Je vais chercher Betsy alors. Attendez-moi là, s’exclama Beth en partant précipitamment vers l’arrière du garage, laissant Lee complètement désemparé.

-          C’est qui encore cette Betsy ? marmonna-t-il entre ses dents, sa main fine fourrageant dans ces cheveux ébouriffés. Quelle journée !

Un bruit de moteur se fit entendre, derrière le garage, se rapprocha. Lee vit arriver une vieille voiture avec un ahurissement grandissant.

-          Qu’est ce que c’est cette antiquité ? soupira-t-il avec lassitude en hochant la tête.

La vieille guimbarde s’arrêta devant lui et la portière papillon s’ouvrit.

-          Allez monter, Besty est de bonne humeur aujourd’hui, elle a démarré du premier coup, dit Beth en riant avec humour.

Lee introduit sa grande silhouette dans la voiture, ferma la porte et regarda Beth, en haussant les sourcils.

-          Et c’est quoi cette, il hésita un moment, cette voiture ?

Beth sourit.

-          Vous qui avez l’air d’apprécier les voitures européennes, vous auriez dû la reconnaitre, répliqua-t-elle en lui jetant un regard ironique. C’est une 2CV, une voiture française, une Citroën, la meilleure voiture de tout les temps. Betsy est un modèle de 1966, portières papillon, décapotable. Le best. C’est une voiture mythique. Elle a traversé le dessert, les montagnes du grand nord, une voiture increvable et on la répare avec une épingle à cheveux, expliqua Beth, avec passion.

Lee la regardait donner ces explications, étourdi par ce flot de paroles, un étonnement grandissant se peinant sur son visage. Il observait avec attention le profil de Beth. Son petit nez légèrement aquilin, pas du tout à la mode actuelle, la bouche sensuelle, le front haut, donnaient une impression de force et de délicatesse. Des mèches folles pendaient sur la nuque gracile et qui paraissait si douce. Mais le plus étonnant, c’était le regard. Il était incapable de dire de quelle couleur étaient ses yeux. Ce regard  prenant, franc, donnait à son visage toute sa personnalité.

La voiture roulait, bringuebalante, dans un doux ronronnement du moteur, quelques maisons éparses et joyeusement colorées commençaient à apparaitre. Le centre de la ville était peu étendu, juste une trentaine de maison, une épicerie principale à l’enseigne pimpante, et au centre une place arborée et gaie, où quelques bancs éparpillés permettaient aux promeneurs des instants de détente appréciables. Une grande bâtisse de briques rouges occupait un côté de la place, surmontée du drapeau, indiquant avec ostentation son utilité d’hôtel de ville. Il se dégageait de l’ensemble une impression de sérénité et de douce tranquillité. Tout le charme d’une petite ville. La petite voiture remontait tranquillement la rue principale et tourna à gauche après la petite place. Elle remonta toujours cahotante une douce pente bordée de rhododendrons et azalées exubérantes et se dirigea vers une grande maison en bois, peinte en jaune et bleu. L’ensemble était coquet et désuet. Le jardin était extrêmement bien entretenu, et un fin connaisseur aurait reconnu des essences rares, soignées avec amour et compétence.

-          Voilà, nous y sommes, c’est la pension des lilas, parce que derrière la maison il y a une collection de lilas totalement incroyable. On vient du monde entier pour les admirer. Ce n’est plus la saison, hélas, mais au printemps c’est un vrai bonheur.

Beth stoppa la voiture doucement devant le perron de la maison, et sortit de la voiture avec agilité, pendant que Lee s’extrayait avec difficulté de la voiture.

-          Venez, je vais vous présenter, déclara Beth en montant les quelques marches du perron, joliment décoré et en pénétrant dans la maison, sans plus de cérémonie.

Lee la suivit, regarda autour de lui. Tout cela lui paraissait très paisible, voire ennuyeux. Un paradis pour contemplatifs, mais certainement pas pour quelqu’un comme lui. Le hall avait un charme désuet des années 50, des vieilles boiseries parfaitement cirées, étaient éclairées par deux grandes fenêtres à guillotine. Au fond du hall, un escalier monumental desservait les étages, la rampe brillante, laissait imaginer les culottes courtes qui l’avaient polie au fil des ans. Un super tapis, rouge et or  étouffait le bruit de pas. Sur la gauche, une arcade donnait sur une salle à manger, coquette et joliment décorée de nappes à carreaux, bleu et blanche. A droite, légèrement en retrait un comptoir se dressait, lui aussi parfaitement ciré, les chromes rutilants, un tableau de clés dominant le mur. Une magnifique jeune femme d’une quarantaine d’années à peine, se tenait derrière le comptoir. Elle était sublime, grande, élancée, une blondeur des blés murs, deux admirables yeux myosotis éclairaient un visage aux traits fins et racés. Elle aurait pu sans démériter faire les couvertures de magazines comme Vogue ou Myfair. Lee  restait planté au milieu du hall, dévorant des yeux la jeune femme avec une admiration manifeste. Il se ressaisit promptement et s’avança de quelques pas, il tendit la main à cette sublime créature :

-          Lee Farrel, enchanté de vous rencontrer, se présenta-t-il de sa chaude voix grave.

-          Luisa Marqués, lui répondit la jeune femme en lui serrant la main.

Lee garda la délicate main dans la sienne au-delà des convenances, et il ne cachait pas son admiration. Luisa le regardait avec franchise, comme une femme habituée à ce genre de manifestation de la part des hommes.

-          Bienvenue à la pension des lilas. Beth vient de me dire que vous aviez eu des soucis de voiture et que vous aviez besoin d’une chambre pour la nuit. Vous avez de la chance, nous n’avons pas beaucoup de monde cette semaine et je vais pouvoir répondre à votre demande, poursuivi Luisa en relâchant la main de Lee.

-          C’est un immense plaisir pour moi, que vous puissiez accéder à cette demande, déclara Lee avec charme.

Beth, accoudée au comptoir, regardait le couple s’entretenir, un sourire narquois aux lèvres. Depuis qu’elle connaissait Luisa, elle était habituée à ce genre de démonstration des hommes envers son amie. Mais, elle connaissait Luisa et son passé, elle savait que seul comptait dans la vie de la jeune femme, son mari Franck et ses deux filles, Lily et Samantha.

-          Je vais vous conduire à votre chambre, déclara Luisa, vous souhaitez peut-être vous rafraichir ?

-          Oh oui, mais par-dessus tout, j’aimerais surtout me restaurer. Je n’ai rien avalé depuis ce matin. Y a-t-il un endroit où je puisse manger un morceau à cette heure ? demanda-t-il en jetant un regard à sa montre.

-          Je vais vous préparer quelque chose si vous le voulez. Je dois pouvoir vous proposer une assiette de viande froide, une salade de riz et une corbeille de fruits ? Cela vous conviendra-t-il ? offrit Luisa, avec un sourire éblouissant, dévoilant de jolies dents blanches parfaitement alignées.

-          Ce sera parfait, le temps de me rafraichir et je suis tout à vous, répondit Lee avec humour. Ah, je voulais savoir si vous aviez le téléphone ?

Luisa partit d’un rire, rappelant une cascade d’eau fraiche ricochant sur les rochers.

-          Oui, bien sur nous avons le téléphone et….

-          Hélas, il est en panne pour l’instant, l’interrompit Beth avec humeur. Il faut qu’il soit réparé et cela peut prendre, plusieurs jours, voire quelques semaines.

Luisa la regardait avec stupéfaction, une lueur au fond du regard. Elle hocha la tête, comme un signe d’assentiment.

-          Oui, c’est tout à fait ça, poursuivit Luisa en regardant Beth, les sourcils fins haussés dans un signe d’incompréhension fugace. Les orages d’hier ont dévastés les lignes téléphoniques, donc pour l’instant….

Malgré la mauvaise nouvelle, Lee restait souriant, la tête légèrement penchée sur l’épaule, comme hypnotisé. Il se secoua. Cette fille était vraiment fabuleuse, cela faisait longtemps qu’il n’avait pas vu une aussi belle femme avec un si grand charisme. Après tout, la journée n’était pas si mauvaise !

-          Ce n’est pas grave, je verrais demain, déclara-t-il avec un sourire charmeur.

-          Je vous conduis à votre chambre Mr Farrell.

-          Appelez-moi Lee. Mr Farrell, c’est bien cérémonieux, et montrant sa tenue froissée et passablement sale, et vu mon aspect… rit-il

-          Avec plaisir Lee, suivez-moi, dit Luisa en lui rendant son sourire. Beth, attends moi, j’ai … quelque chose à te demander, termina-t-elle en se tournant vers Beth, qui croquait à belle dents une belle pomme rouge.

Beth hocha de la tête, mâchant bruyamment sa pomme, un sourire narquois et une lueur moqueuse dans les yeux. Lee lui adressa à peine un signe de tête, qu’elle ne fit pas même mine de remarquer.

Luisa redescendit quelques minutes plus tard. Un sourire amusé au coin de ses lèvres pulpeuses.

-          Où as-tu donc trouvé un spécimen pareil Beth ? attaqua-t-elle abruptement

Beth haussa les épaules, finit de manger sa pomme et se dirigea vers la petite porte derrière le comptoir.

-          C’est Smeety qui l’a trouvé sur la route de Pine Code, répondit-elle en prenant dans la cuisine attenante, une tasse de café et se servant à la cafetière toujours en marche. Tu veux un café ?

-          Non, je ne veux pas de café Beth, rétorqua Luisa avec irritation. Je veux savoir pourquoi cet homme sublime était sur la route de Pine Code, et pourquoi il a eu des soucis de voiture si j’ai bien compris ?

-          Sublime, sublime…. ça c’est toi qui le dis. Il est arrogant, imbu de lui-même et terriblement désagréable, déclara avec calme Beth.

Luisa leva les yeux au ciel et croisa les bras sur la poitrine.

-          Pourquoi était-il sur la route de Pine Code ? Ça m’étonnerait fort qu’un étranger ait eu l’idée d’aller se perdre dans ce coin perdu ?

-          Ben, je crois que je l’ai un peu aidée, souffla Beth en regardant son amie par-dessus sa tasse.

-          Raconte, demanda Luisa en s’asseyant à la table de la cuisine en face de son amie.

-          Il est arrivé tout à l’heure prendre de l’essence, et il m’a demandé la route de Pine Code, alors je lui ai indiqué la route, répondit Beth avec simplicité.

-          Et avec les orages, tu ne lui as pas dit que la route était impraticable ?

-          Il n’a pas demandé.

-          Enfin, Beth, tu aurais pu l’avertir, s’exclama Luisa d’un ton légèrement outré.

-          Pourquoi ? Parce que tu le trouve sublime, il aurait fallu que je lui dise, qu’avec sa belle Mercedes, il ne pouvait pas emprunter le chemin de Pine Code ? Beth rit doucement. A vrai dire, il a été tellement désagréable que je n’ai pas fait beaucoup d’efforts, pour l’avertir.

-          Reconnais tout de même que c’est un beau spécimen de la race masculine, dit Luisa en souriant.

-          Attention Luisa, Franck va être jaloux de t’entendre parler comme ça d’un parfait inconnu, surtout s’il le voit te dévorer des yeux, comme tout à l’heure, répliqua Beth avec humour. Je crois bien que tu as encore un admirateur.

-          Tu sais bien que Franck n’a rien à craindre, dit Luisa avec une petite moue pleine d’humour. Mais avoue, que cet homme est beau.

-          Qu’est ce que tu veux m’entendre dire Luisa ? Qu’il est beau, sous son air arrogant ? Qu’il a de superbes yeux gris, qui peuvent être caressant, surtout quand il te regarde ? Qu’il a une bouche sensuelle faite pour les baisers ? Qu’il a un côté félin dans la démarche et un corps de rêve digne d’un mannequin ? Qu’il a un sourire à faire se damner une sainte ? J’avoue. Il est beau, mais franchement il y a quelque chose chez lui qui me met mal à l’aise. Un je ne sais quoi.

Beth haussa les épaules, le regard perdu dans sa tasse. Luisa l’observait avec attention. Elle connaissait Beth depuis de nombreuses années, c’était sa meilleure amie, sa confidente. Elle se désolait parfois de ce qui semblait être de la solitude dans la vie de Beth. Mais, c’était une femme équilibrée, joyeuse, espiègle parfois et tout le monde l’aimait beaucoup à Harpwest. Et là, elle ne comprenait pas le comportement de son amie, qui était toujours prête à aider les autres, connus ou inconnus. Pourquoi ce mauvais tour à ce parfait inconnu ? Pourquoi prétendre que le téléphone était en panne pour plusieurs jours ?

-       A vrai dire, il me rappelle quelques hommes que j’ai croisés à New York. La seule chose qui compte pour ce genre d’hommes, c’est de contraindre les autres, dit Beth les yeux dans le vague.

Relevant la tête, elle regarda Luisa.

-          Et en plus à part la grande ville, tout autre milieu est pour eux un endroit miséreux. Les gens de la campagne sont des ploucs, certains croient encore qu’on ne peut pas être aussi bien équipé que les grandes villes. Que les termes de Wifi, de surfer sur le net, de mail, sont pour nous lettres mortes. Alors c’est vrai, je n’ai pas beaucoup de sympathie pour des gens comme ça.

-          Tu ne le connais pas, dit Luisa. Peut être est-il totalement différent ?

-          Peut être …

-          Sais-tu pourquoi il voulait aller à Pine Code ?

-          Non, je ne lui ai pas demandé.

-          Pourtant, ça devrait t’intéresser. C’est toi et Eli qui habitez là-bas.

-          Oui, je sais.

Le silence s’installa, laissant la place au bruissement de la maison.

-          Et tu ne veux pas savoir ? questionna Luisa

-          A vrai dire, Eli était bizarre avant de partir. Alors je pense que cet homme voulait le voir. Et tu sais comme moi, qu’Eli est parti depuis une semaine pour…. Je ne sais même pas pour combien de temps ! Ça me laisse un temps de réflexion.

-          Bon, comme tu veux. Et cette histoire de téléphone ?

Beth parti d’un éclat de rire, qui illumina tout son visage assombrit.

-          Je n’ai pas pu résister ! Tu aurais vu sa tête quand je lui ai dis que le téléphone était coupé. Et comme le réseau est hors service, il n’a plus de portable non plus. J’imagine que même le GPS ne devait plus fonctionné. Les relais étant couplés, c’est même certain. Franchement, je me suis régalée de sa mine déconfite.

-          Et qu’est ce que je suis sensée lui dire moi ? interrogea Luisa.

-          Tu peux lui dire ce que tu veux, de toute façon, je n’aurais la pièce pour le relais téléphonique et le réseau que ce soir, lorsque Mike rentrera. Donc, je ne pourrais effectuer la réparation que demain. Tout le monde sera au régime sec ce soir !

-          A quelle heure Mike doit revenir ?

-          Pas avant 19h, je pense. Il avait du boulot chez la veuve Griffin. Et tu la connais, elle ne le libérera qu’après le thé. Le temps qu’il passe chercher les pièces chez Morton, il sera là pour 19h.

Le silence s’éternisa un moment, les deux femmes plongées dans leurs réflexions. Beth se secoua la première.

-          Bon, merci pour le café Luisa. Il faut que j’aille récupérer la voiture du beau monsieur avant la nuit. Sinon, je vais y passez un moment. Et il faut que je passe libérer Marlow.

Posant sa tasse dans l’évier Beth se retourna vers Luisa hésitante.

-          Quoi ? dit Luisa la regardant avec attention.

-          Ça m’arrangerait que tu ne dises pas à Mr …. Farrell, ce que je fais dans la vie.

-          Pourquoi ? Tu as honte de ton métier, maintenant Beth ?

-          Non pas du tout, rigola Beth. Mais je préfère qu’il me prenne pour une idiote, tant que je ne sais pas ce qu’il venait faire à Pine Code.

-          Toi une idiote ? s’exclama Luisa en partant d’un grand éclat de rire. Alors là, il va falloir avertir tout le monde ce soir à la réunion pour que personne ne vende la mèche.

-          Ah ça, c’est une bonne idée, dit Beth pensivement.

Beth se dirigea vers le hall, quand elle fit brusquement demi-tour, frappée d’une idée subite.

-          Surtout, s’il te pose des questions sur Mike, il croit que c’est lui le garagiste. Alors, motus. Salut ma belle, à ce soir. Embrasse les filles de ma part.

Luisa resta assisse, pensive à la table. Secouant la tête, elle se leva et se mit à préparer la collation pour son nouveau client réfléchissant au drôle de comportement de son amie. Etrange vraiment.

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